lundi 9 mai 2016

Des femmes dénoncent des faits de harcèlement et d'agression sexuelle de la part du vice président écologiste de l'Assemblée Nationale


Hypocrisie totale: Denis Baupin, deuxième à gauche lors d'une campagne toute récente
...contre les violences faites aux femmes. Malgrès le nombre des témoignages, Baupin nous la joue Cahuzac et nie toutes les accusations.
Pour la première fois, quatre femmes témoignent à visage découvert, et au micro de France Inter, pour dénoncer des faits relevant d’agression sexuelle ou de harcèlement sexuel mettant en cause Denis Baupin, vice-président de l'Assemblée nationale et député ex-EELV. Au cours d’une enquête de plusieurs mois, menée conjointement avec Médiapart, d’autres femmes, souvent collaboratrices ou salariées, ont, de leur côté, préféré conserver l’anonymat par peur de représailles, mais racontent les mêmes agissements.


Parmi celles qui ont décidé de s'exprimer ouvertement, il y a Sandrine Rousseau. Elle est l'une des actuelles porte-parole d’EELV. Sandrine Rousseau dénonce des faits qui remontent à octobre 2011.
Sandrine Rousseau © MaxPPP/Voix du Nord/Edouard Bride - 2016
Il m’a plaquée contre le mur en me tenant par la poitrine et a tenté de m’embrasser dans le couloir, durant une pause alors que j’animais une réunion. J’en ai parlé à deux membres de la direction du parti. L’un m’a dit : "Ah il a recommencé". L’autre : "ce sont des choses qui arrivent très souvent".

Une photo fait déborder le vase pour plusieurs femmes
Le 8 mars 2016, pour la journée des droits des femmes, plusieurs personnalités et des hommes politiques, posent avec du rouge à lèvres pour la campagne "Mettez du rouge" destinée à s'engager contre les violences faites aux femmes. Denis Baupin, pose aux cotés d'Olivier Falorni, Jean-Christophe Lagarde ou encore Benoist Apparu...
#mettezdurouge contre les violences faites aux femmes. Des députés s'engagent #8marshttps://t.co/nN6PtOl22P pic.twitter.com/XGoVOKnzaY
— Denis_Baupin (@Denis_Baupin) 8 mars 2016


A l’Assemblée Nationale, une collaboratrice du groupe signale des faits relevant d’une agression sexuelle
Selon des sources concordantes au sein du groupe écologiste au palais Bourbon, une salariée s’est retrouvée seule dans un ascenseur de l’Assemblée avec Denis Baupin. "Il lui a pincé les fesses. Il s’est pris une baffe ", expliquent des sources ayant demandé l’anonymat.

Se sentir coupable alors qu'on est la victime
Elen Debost est adjointe à la mairie du Mans depuis 2014. Elle raconte avoir été victime de faits pouvant  relever du harcèlement sexuel, tel que défini par l’article 222-23 du Code pénal.
Je me sentais coupable de recevoir ces SMS d’incitation sexuelle alors que je lui avais dit que je n’étais pas intéressée. Des propos plus que graveleux.



Il me harcelait, mais il faisait la même chose, en même temps, à plusieurs autres députées et à des collaboratrices
Isabelle Attard est députée du Calvados, depuis juin 2012. Elle a été élue sous l’étiquette Europe-Ecologie Les Verts, parti qu’elle a quitté en novembre 2013 suite à des désaccords politiques. Elle raconte elle aussi avoir reçu des dizaines de SMS de Denis Baupin pendant près d’un an et demi.
Isabelle Attard
Isabelle Attard © MaxPPP/IP3/Aurelien Morissard - 2016
Du harcèlement quasi quotidien par SMS qui commence en juin 2012 et qui a duré jusqu’en fin novembre 2013 quand j’ai quitté EELV. Je savais que nous étions plusieurs députées et une collaboratrice à recevoir ces SMS. Beaucoup se sont tus pour ne pas blesser sa compagne.



Son collaborateur Frédric Toutain confirme l’existence de ces SMS. Elle les lui a montrés.
Frédric Toutain est l'assistant parlementaire d'Isabelle Attard et a parfois été son "garde du corps", notamment quand elle a dû solliciter un rendez-vous avec Denis Baupin  
Je me souviens de SMS lourds, graveleux, très insistants. J’ai été délégué du personnel et je sais que le harcèlement sexuel est caractérisé. Une collaboratrice a reçu également des SMS orduriers et a même a subi des attouchements.   


Lorsque des collaboratrices parlent de propos équivoques envoyés par SMS
Une autre collaboratrice a signalé au groupe EELV un incident de ce type. Les députés ont débattu de la loi transition énergétique, à l’automne 2014, Denis Baupin en est le rapporteur. Cette collaboratrice évoque des SMS, "un comportement qui n’était pas des plus adéquats". Des messages qu’elle qualifie de "déplacés". "C’étaient quelques messages un peu trop amicaux. Ils ne sont pas graves. Ils n’ont pas de caractère sexuel. Ils étaient juste un peu déplacés. Ce n’est pas du harcèlement sexuel", selon elle. En droit, la position de subordination député/salarié peut changer la nature des faits et peut se révéler constitutive d’un harcèlement sexuel.

"Rejoins-moi dans mon bureau". C’est le genre de messages que Denis Baupin envoyait à cette collaboratrice, raconte une autre source à l’Assemblée. Un autre témoin raconte sous le sceau du secret : "Oui on a déjà eu à traiter des problèmes de relation de travail avec Denis Baupin et une collaboratrice". Dans ce genre de situation, poursuit-il, "on en parle avec les co-présidents".
Les deux co-présidents de l’époque au groupe EELV confirment ces faits. Barbara Pompili devenue depuis secrétaire d’Etat à la biodiversité, explique :
Elle nous a dit qu’elle avait reçu des messages qui la mettaient mal à l’aise. On ne rigole pas avec ces sujets. Avec François (de Rugy), on s’est dit qu’il fallait qu’on règle cette question. Depuis, c’est réglé, il n’y a plus eu d’ambiguïté.
Barbara Pompili et François de Rugy © MaxPPP/Thomas Padilla
François de Rugy confie également "avoir été saisi (avec Barbara Pompili) par une collaboratrice qui nous a parlé de propos équivoques envoyés par SMS". Et il confirme en avoir parlé avec Denis Baupin à l’époque. "Comme il y a un lien hiérarchique entre salariés et députés, il n’était pas question d’étouffer. Par la suite il n’y a jamais eu de problème avec cette collaboratrice ni avec d’autres", assure de Rugy.

"Lorsque j'en ai parlé, peu de gens paraissaient étonnés"
Annie Lahmer est militante chez les Verts depuis plus de 25 ans. A la fin des années 90, elle a été salariée de son parti. Au siège, situé à l’époque rue Parmentier à Paris, elle côtoie souvent Denis Baupin.
Annie Lahmer :
S’entendre dire qu’on n’aura jamais de poste parce qu’on n’a pas voulu coucher avec lui… Je crois que même chez nous les Verts, on n’arrive pas à différencier le harceleur du séducteur. On entend même dire : "si elles n’ont pas porté plainte, c’est que ce n’est pas vrai".


La tribune des femmes journalistes a permis de mettre le sujet sur la table
Dominique Trichet-Allaire est la présidente de la commission féminisme chez EELV. Le 9 mai 2015, quelques jours après la parution d’une tribune de femmes journalistes politiques, publiée dans Libération, et dénonçant le sexisme et le comportement d’élus à leur encontre, Dominique Trichet-Allaire monte à la tribune du conseil fédéral EELV et interpelle ses camarades sur des témoignages recueillis par la commission. Elle évoque des cas de harcèlement sexuel, d’agression sexuelle.

Dominique Trichet-Allaire © capture d'écran - 2016
Dominique Trichet-Allaire
En 2015, j’ai mis les pieds dans les plats dans le cas de notre conseil fédéral, en faisant part de violences sexuelles qui pouvaient exister dans notre parti et qui nous avaient été signalées. Il y a eu d’abord sidération, puis déni et même des huées dans la salle et enfin appui.



Pour les Verts, difficile d'admettre que ça puisse arriver dans leur parti, paritaire et ouvert aux questions du féminisme
En 2013, un article universitaire de la politiste Vanessa Jérome,  (In)égalités des droits et questions sexuelles chez Europe-Ecologie Les Verts revient notamment sur ces non-dits.
Vanessa Jérome :
Les Verts sont plus ouverts et sensibles à la question du féminisme, ils sont paritaires. Néanmoins, il y a des logiques de préservation de la logique partisane et tout ne se dit pas. Les rapports de pouvoir et de domination sont les mêmes chez les Verts comme ailleurs.


David Cormand est le secrétaire national d’EELV :
Je suis secrétaire national d’EELV donc il y a un double sentiment : honte que ce soit arrivé chez nous et fierté de voir que c’est chez nous que la parole s’est libérée. L’élément déclencheur a été la tribune des femmes journalistes dans Libération.


Aucune plainte, bien que les témoignages remontent à 1998 et jusqu’en 2014
Aucune de ces femmes ne s’était exprimée publiquement, aucune n’a porté plainte. Pour la plupart, les faits remontent à plus de trois ans et sont donc prescrits.
Pour la féministe Caroline de Haas, rien de surprenant. Aujourd’hui, en France, il est rare que des femmes osent porter plainte.
Il faut arrêter de regarder les victimes de violence comme responsables. Et après vous vous étonnez qu’elles ne portent pas plainte ? 


Depuis le lundi 2 mai, nous avons contacté à plusieurs reprises Denis Baupin.
Il n’a pas souhaité nous répondre nous renvoyant vers ses avocats. Sollicités, ces derniers nous ont demandé une liste de questions par mail, que nous avons donc envoyées. Nous n'avons obtenu aucun entretien, aucun rendez-vous, aucune réponse à nos questions. En revanche nous avons reçu de leur part des courriers comminatoires. 

Le but de cette enquête c’est de raconter des faits
Comme dans toute enquête, nous recevons et recueillons des témoignages, nous recoupons, nous vérifions. Pendant près de deux mois, nous avons fait notre travail de journalistes comme sur n’importe quel sujet. Il est vrai que dans le cas présent nous nous inscrivons dans un contexte très lourd et peu traité dans les médias, car la presse a du mal à se saisir de ces sujets qui concernent le comportement de certains hommes politiques. Il y a dans ce domaine une véritable loi de silence, mais c'est un secret de Polichinelle. Les personnes interrogées espèrent que cela permettra de libérer la parole des présumées victimes et de montrer, à celles qui gardent le silence, qu’il est possible de parler et surtout d’être entendu.

►►► Cette enquête a été menée conjointement avec Lénaig Bredoux de Médiapart.
Source: France Inter

3 commentaires:

  1. Emmanuelle Cosse, actuelle ministre du logement, femme de Baupin, aurait tenté d'étouffer l'affaire l'année dernière:

    https://www.youtube.com/watch?v=JUsPYeft5vw

    Une Hillary Clinton bis en somme.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. il est jamais bon de faire travailler deux sexes différents ensemble :cela fini toujours par des conflits sexuels : on appelles cela le fait du prince , le chef ou la chef sur son subordonné par son dévolu sur lui ou elle .

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  2. Comment ça ?!!!

    Nos élites ne seraient pas irréprochables et intègres?

    Allons, tout cela ne doit-être qu'un complot...

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